Publié le 09/02/2025
Responsable RH, Inapa France
Formation
Master 2 - Droit social et Gestion des RH, Université d’Orléans
Master 2 - Droit des affaires parcours juriste d’entreprise, Université Paris-Saclay
Alec Szczudlak : Quel a été votre parcours professionnel depuis l’obtention du master juriste d’entreprise ?
Ambre Ben Ayachi : Après l'obtention de mon master juriste d’entreprise en 2019, j'ai décidé de confirmer mon appétence pour le droit social et la gestion des ressources humaines. Pour cela, j’ai intégré un second master à l’Université d’Orléans, le master 2 en droit social et gestion des ressources humaines. Forte de deux années d’apprentissage, le monde des fédérations, qui plus est patronales, s’est tout d’abord ouvert à moi. Durant deux ans, j’ai ainsi occupé le poste de juriste droit social au sein du Syndicat National des Établissements et Résidences pour Personnes Âgées. Au sein de la fédération, mes missions principales étaient axées sur l’accompagnement des adhérents. Cela comprenait la mise à disposition de documentations juridiques, des conseils juridiques téléphoniques, la participation aux négociations de branche ainsi que l’organisation et la gestion d’événements. Ces services s’adressaient notamment à des structures comme des EHPAD privés commerciaux. En parallèle, je participais à des actions de lobbying auprès des pouvoirs publics sur des thématiques variées, en lien avec les intérêts des adhérents. Ensuite, en 2022, ma curiosité pour l’univers des start-up m’a conduite à intégrer Payfit, une entreprise de la French Tech en pleine hyper-croissance. J’ai eu l’opportunité de les rejoindre en tant que product legal advisor, c’est-à-dire juriste conformité produit. Ce fût une expérience très enrichissante où j’ai pu découvrir une autre facette de notre métier de juriste d’entreprise. Enfin, depuis 2023, j’occupe désormais les fonctions de responsable ressources humaines au sein de la société INAPA France, un métier de terrain qui me permet de mettre à profit autant mes compétences en matière de ressources humaines que celles de juriste d’entreprise.
Alec Szczudlak : Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir ce master plutôt qu’une autre formation ? Quelles attentes aviez-vous à l’époque ?
Ambre Ben Ayachi : Le stage de découverte effectué en classe de troisième a été déterminant pour moi, car il a confirmé mon désir de devenir juriste d’entreprise. Ainsi, lorsqu’est venu le moment des choix de formations en terminale, j’étais déjà consciente de l’existence d’un institut spécialisé dans la formation de juristes d’entreprise à Évry. J’ai donc orienté mes choix post-bac en fonction des critères de sélection de l’ancien IUP juriste d’entreprise, désormais appelé le master juriste d’entreprise. J’ai ainsi réalisé un DUT gestion des entreprises et des administrations pour atteindre cet objectif. Je ne souhaitais pas passer par le parcours de la faculté de droit classique, convaincue que le juriste d’entreprise se devait d’avoir une vision concrète et pratique du monde qui l’entoure. Et presque cinq ans après la fin de mes six années d’études, je ne regrette absolument pas mon choix !
Alec Szczudlak : En quoi les enseignements théoriques et pratiques du master vous ont-ils été utiles dans votre carrière ? Y a-t-il des compétences spécifiques que vous utilisez toujours ?
Ambre Ben Ayachi : Etant spécialisée en droit social, les enseignements théoriques et pratiques sont toujours restés utiles. En particulier, les cours de comptabilité et de droit des affaires ont été essentiels pour développer une vision business et dialoguer efficacement avec mes collègues. Grâce à la comptabilité, je comprends des notions telles que le profit net ou les soldes intermédiaires de gestion (SIG), ce qui me permet d’échanger avec les équipes financières et de participer à la préparation des budgets. Je ne me limite pas à recevoir des informations, mais je saisis les mécanismes sous-jacents, ce qui est appréciable pour participer activement aux décisions. Les cours de droit des affaires, quant à eux, m’aident à établir des liens entre différents domaines. Par exemple, dans le cadre d’une fusion, je suis capable de comprendre non seulement les transferts de contrats de travail, mais aussi les implications en droit des sociétés. Cette capacité à faire des ponts entre le droit social et d’autres branches juridiques est indispensable, car les décisions prises en droit des sociétés peuvent avoir un impact direct sur les questions sociales. Cette formation m’a permis d’être polyvalente et de mobiliser mes compétences dans des contextes variés, tout en parlant un langage commun avec mes collègues issus d’autres départements.
Vivez pleinement cette aventure, chaque seconde, même les plus difficiles.
Alec Szczudlak : Parmi les matières enseignées (droit des sociétés, droit fiscal, droit social, etc.), laquelle vous a le plus marqué et pourquoi ?
Ambre Ben Ayachi : Sans surprise, le droit social où je me sentais de plus en plus à l’aise chaque semestre. Je comprenais l’utilité de cette matière dans la vie de l’entreprise et ses enjeux au quotidien. C’est une matière vivante et dynamique, parfaite pour une personne comme moi qui craint l’ennui ! Une autre matière qui m’a également marquée est l’anglais, notamment grâce à un enseignant exceptionnel qui a su me faire progresser de manière significative. Ses cours, orientés sur l’anglais professionnel, m’ont été d’une grande utilité dans mon parcours, notamment dans des contextes internationaux où les réunions et échanges en anglais sont fréquents, comme dans mon expérience au sein de la start-up Payfit qui était en pleine expansion. Enfin, le master offre une grande diversité d’enseignements, permettant à chacun de trouver sa voie, même si cette dernière peut évoluer au fil du temps. Cette formation polyvalente ouvre de nombreuses possibilités, que l’on choisisse de poursuivre une carrière de juriste ou d’explorer d’autres horizons professionnels. Ces enseignements m’ont non seulement permis de me projeter dans ma carrière, mais m’ont aussi offert une polyvalence précieuse pour évoluer dans divers environnements professionnels.
Alec Szczudlak : Comment le master vous a-t-il préparé à faire face aux défis que vous rencontrez aujourd’hui dans votre métier ?
Ambre Ben Ayachi : Comment ne pas parler de l’apprentissage tout d’abord. C’est une première immersion dans le monde professionnel, un moment clé pour acquérir des compétences pratiques et développer une réelle compréhension des exigences du travail. Lors de mon apprentissage, j’ai eu la chance d’être entourée de mentors incroyablement investis, qui m’ont transmis une rigueur professionnelle précieuse. Bien que j’étais juriste junior, j’ai pu observer et apprendre aux côtés de collègues expérimentés, ce qui m’a permis de comprendre les attentes et les réalités du métier. Le master quant à lui se compose de tous les enseignements nécessaires pour qu’un juriste junior puisse s’en sortir une fois le diplôme en poche. J’ai en tête un défi : celui de l’anglais. Le master nous prépare énormément sur la maîtrise de la langue anglaise en milieu professionnel. Enfin, l’apprentissage m’a enseigné l’importance d’accepter ses erreurs et de les transformer en opportunités d’apprentissage. Même si cela peut être difficile à vivre sur le moment, notamment à cause de la pression que l’on se met en tant qu’étudiant, ces erreurs m’ont appris à mettre mon ego de côté et à accepter que l’apprentissage passe par l’expérimentation. Cette capacité à apprendre de mes erreurs reste un atout dans ma carrière actuelle, où l’adaptabilité et l’amélioration continue sont indispensables.
Alec Szczudlak : L’apprentissage ou le stage durant le master ont-ils joué un rôle clé dans votre insertion professionnelle ? Pouvez-vous nous parler de cette expérience ?
Ambre Ben Ayachi : Evidemment ! J’ai eu la chance, grâce aux contacts de M. Pagnerre, d’obtenir un apprentissage au sein d’une institution prestigieuse : le Conseil supérieur de l’Ordre des Experts-Comptables. C’est notamment grâce à cette expérience que j’ai vite décroché mon premier emploi en CDI. Lors de cette expérience, j’ai parfait ma rédaction, ma rigueur et ma curiosité juridique. C’est également lors de cet apprentissage que j’ai vécu mon baptême, non pas mon baptême de l’air mais celui des avis juridiques téléphoniques, un exercice pas évident lorsque l’on débute !
Alec Szczudlak : Avez-vous des conseils pour les étudiants actuels ou futurs du master juriste d’entreprise qui souhaitent suivre une carrière similaire à la vôtre ?
Ambre Ben Ayachi : Pour les étudiants actuels ou futurs du Master Juriste d’entreprise, voici un conseil essentiel : foncez et donnez-vous les moyens d’y arriver. Ce master vous offre une formation solide et un réseau précieux : gardez toujours le contact entre vous, même après l’obtention de votre diplôme. Ces relations pourront vous ouvrir des portes tout au long de votre carrière. Soyez également stratégiques dans la gestion de votre carrière, en particulier sur les questions de rémunération. N’ayez pas peur de négocier votre salaire : apprenez à valoriser vos compétences et à demander ce que vous méritez. Également, restez attentifs aux opportunités, développez vos compétences pour rester compétitifs, et donnez-vous les moyens de réussir !
Foncez et donnez-vous les moyens d'y arriver, car à la clé, de belles choses vous attendent.
Alec Szczudlak : Selon vous, quelles sont les qualités indispensables pour réussir dans une carrière de responsable des ressources humaines en entreprise, ou plus généralement en tant que juriste en entreprise ?
Ambre Ben Ayachi : Pour réussir en tant que responsable des ressources humaines ou juriste en entreprise, certaines qualités sont indispensables. Tout d’abord, l’ouverture d’esprit est essentielle. En droit, il existe toujours plusieurs façons d’aborder un problème, et il est important de pouvoir accepter des points de vue différents, même si cela remet en question son propre raisonnement. Cette capacité à écouter, échanger et intégrer d’autres perspectives enrichit la réflexion juridique et renforce les solutions apportées. Ensuite, la curiosité parce qu’il est nécessaire de rester informés constamment, d’échanger également avec nos pairs sur nos pratiques et de continuer à se former lorsque l’on en ressent le besoin. Pour cela, le juriste doit se tenir informé des évolutions légales, jurisprudentielles et technologiques pour rester performants. Enfin, l’humilité parce qu’il faut laisser son égo de côté quand on est juriste et ne pas craindre de revoir ses positions. En droit social notamment, les situations évoluent rapidement, et ce qui est vrai aujourd’hui peut ne plus l’être demain. Il faut donc savoir se remettre en question constamment.
Alec Szczudlak : Quels sont, selon vous, les plus grands défis auxquels sont confrontés les juristes d’entreprise aujourd’hui ?
Ambre Ben Ayachi : Les juristes d’entreprise font face à plusieurs défis majeurs aujourd’hui. Le premier, et sans doute l’un des plus constants, est l’actualisation continue. Cela implique de rester informé des évolutions législatives, jurisprudentielles et réglementaires, ce qui est particulièrement vrai dans des domaines comme le droit social, où les changements sont fréquents et rapides. Être “à la page” demande un effort quotidien : il ne s’agit pas seulement de réagir à l’information lorsqu’elle est publiée, mais de s’impliquer activement dans une veille constante. Cette veille passe par une attention aux débats politiques et économiques, qu’il s’agisse des discussions à l’Assemblée nationale, au Sénat ou d’autres instances décisionnelles. Certains médias et experts fiables jouent un rôle clé dans cette démarche en fournissant des analyses pertinentes et actualisées sur les réseaux sociaux. Personnellement, je commence ma journée en consultant plusieurs sources spécialisées qui m’aident à rester informée. Un autre défi est l’adaptation aux avancées technologiques, notamment à l’intelligence artificielle. Cette dernière transforme déjà la manière dont les juristes travaillent, en automatisant certaines tâches et en proposant des outils analytiques avancés. Cependant, il faut apprendre à l’utiliser de manière optimale, sans la laisser prendre le dessus, et intégrer ces technologies dans une pratique juridique exigeant toujours discernement et réflexion humaine. Enfin, la compréhension des contextes politiques et économiques, qui influencent directement la vie des entreprises, est essentielle. Les juristes doivent développer une vision globale pour anticiper les impacts de ces évolutions sur leurs missions et accompagner efficacement leurs organisations. Ces défis demandent une vigilance et une capacité d’adaptation permanentes.
Alec Szczudlak : En dehors du droit, quelles sont vos passions ou centres d’intérêt, et comment arrivez-vous à concilier cela avec votre vie professionnelle ?
Ambre Ben Ayachi : J’ai plusieurs passe-temps : le running, la peinture à l’aquarelle, l’équitation. Il est tout à fait possible d’avoir une vie personnelle épanouie lorsque l’on est juriste en entreprise. Pour concilier mes centres d’intérêt avec ma vie professionnelle, je m’appuie sur une gestion efficace du temps, qui est selon moi la clé du succès. En tant que cadre autonome, je gère mon emploi du temps comme je l’entends, ce qui me permet d’organiser mes journées de manière optimale. Cette liberté est précieuse car elle me permet d’intégrer mes activités personnelles à mon planning professionnel sans difficulté.
Alec Szczudlak : Un dernier mot à partager avec la communauté du master juriste d’entreprise ?
Ambre Ben Ayachi : Vivez pleinement cette aventure, vivez chaque seconde, même les plus difficiles car à la clé, de belles choses vous attendent. Tous ces moments seront des souvenirs que vous aimerez vous rappeler dans quelques années.
Gardez toujours le contact entre vous, même après l'obtention de votre diplôme.
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