Publié le 26/01/2025
Juriste - Fonds d’investissements, AXA Investment Managers
EMLYON Business School | Mastère Spécialisé Juriste Manager International
Master II Droit des Affaires - Fusions et Acquisitions et Master I et II Droit des affaires (parcours Juriste d’Entreprise) de l'Université Paris-Saclay
Alec Szczudlak : Quel a été votre parcours professionnel depuis l’obtention du master juriste d’entreprise ?
Asma Kafi : Après avoir obtenu mon master 2 en droit des affaires (parcours juriste d’entreprise), j’ai décidé de poursuivre mon parcours académique avec un second master 2, spécialisé en fusions & acquisitions, à l’Université d’Évry Paris-Saclay. Ce second master a été une décision mûrement réfléchie, motivée par les missions réalisées au cours de mon apprentissage durant mon année de master 1, notamment en corporate, où j’ai pu découvrir le domaine des fusions et acquisitions. Cette expérience m’a amenée à m’interroger sur l’opportunité d’approfondir cette spécialisation. Après avoir déposé ma candidature pour le master 2 en fusions et acquisitions, j’ai eu la chance d’être sélectionnée. Le master en droit des entreprises m’a ainsi offert de nombreuses perspectives, tout en me permettant d’explorer une nouvelle matière qui a éveillé mon intérêt pour une future spécialisation. Par la suite, j’ai effectué une année en école de commerce à l'emlyon business school. Cette année en école de commerce répondait à ma volonté d’acquérir des compétences en négociation, management, marketing et gestion financière. Au départ, je ne percevais pas vraiment l’intérêt de compléter mon parcours de juriste par une telle formation. Avec le recul, je ne regrette absolument pas ce choix, car je trouve que ces deux formations se complètent parfaitement. Cela me permet aujourd’hui de mieux comprendre les enjeux économiques, de me connecter plus facilement aux opérationnels et d’appréhender les dimensions business de manière plus approfondie. Parallèlement, j’ai eu l’opportunité d’avoir des expériences dans des cabinets et entreprises de renom, ce qui m’a permis de renforcer mes compétences et de me spécialiser en fusions et acquisitions ainsi qu’en Private Equity.
Alec Szczudlak : Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir ce master plutôt qu’une autre formation ? Quelles attentes aviez-vous à l’époque ?
Asma Kafi : Une amie qui avait suivi ce master un an avant moi m'en avait parlé avec enthousiasme. Cela a attisé ma curiosité et j'ai rapidement été intéressée par cette formation. À l'époque, je cherchais un master 2 généraliste, car je ne souhaitais pas me spécialiser immédiatement dans un domaine que je ne maîtrisais pas encore. Je voulais aussi me professionnaliser rapidement en combinant théorie et pratique. Le master juriste d’entreprise était l'une des rares formations en droit des affaires offrant un parcours généraliste avec une alternance, ce qui a été un critère déterminant dans mon choix. Le contenu des enseignements, combinant matières juridiques et para-juridiques a largement influencé ma décision. En effet, j’ai notamment eu l’opportunité d’approfondir, entre autres, le droit bancaire, ce qui m’a permis de maîtriser les dispositions du code monétaire et financier. L’ensemble des matières enseignées offre un socle solide en droit des affaires, favorisant une approche transversale entre les différentes branches du droit. Cet atout se révèle particulièrement précieux en entreprise, car il me permet d’interagir aisément avec des collaborateurs d’autres départements juridiques.
Alec Szczudlak : En quoi les enseignements théoriques et pratiques du master vous ont-ils été utiles dans votre carrière ? Y a-t-il des compétences spécifiques que vous utilisez toujours ?
Asma Kafi : Les enseignements théoriques et pratiques du master m’ont été particulièrement utiles, notamment dans le cadre de mes entretiens pour des stages ou des opportunités professionnelles. Grâce à la cohérence des matières enseignées en master 1 et en master 2, j’ai pu démontrer des connaissances solides et structurées, ce qui m’a permis d’être convaincante et de justifier mon parcours de manière pertinente. Ces enseignements m’ont également appris à établir des liens entre les différentes disciplines du droit, ce qui a enrichi considérablement ma réflexion et ma capacité d’analyse. Cette approche transversale a contribué à mon développement professionnel en me permettant de monter en compétences de façon significative. Le master m’a également permis de découvrir brièvement au travers de l’anglais juridique le domaine des fusions et acquisitions, un secteur pour lequel j’ai développé un intérêt croissant, d’où ma décision de poursuivre avec un master 2 spécialisé. Enfin, j’ai également pu renforcer mes bases en droit des contrats, un domaine clé pour tout juriste. Sur le plan pratique, l’alternance m’a permis d’acquérir une expérience concrète et précieuse, me préparant efficacement aux exigences du métier que j’utilise toujours actuellement dans ma profession. Le master juriste d’entreprise m’a permis de développer des compétences clés, notamment la capacité à prendre du recul sur les différentes branches du droit et à les appréhender de manière globale et interconnectée. Cette approche m’a également appris à être polyvalente, en affinant ma capacité à identifier rapidement des informations juridiques précises dans divers domaines du droit, ce qui est essentiel dans ma pratique professionnelle.
Le master juriste d'entreprise m'a offert de nombreuses perspectives, tout en me permettant d'explorer une nouvelle matière qui a éveillé mon intérêt pour ma spécialisation actuelle. Croyez en vous et soyons solidaires !
Alec Szczudlak : Comment le master vous a-t-il préparé à faire face aux défis que vous rencontrez aujourd’hui dans votre métier ?
Asma Kafi : La formation en apprentissage a eu pour avantage de nous mettre dans la réalité du monde du travail et d’être éveillé face aux enjeux de l’entreprise et au métier du juriste et ce qu’on attend de lui. Ces enjeux sont divers tel que : être opérationnel rapidement lors de la première prise de poste, avoir acquis certains soft skills et code de savoir-être ou encore savoir s’organiser correctement dans son travail. Les enseignements que nous avons reçus ont été pratiques et ont permis d’être plus opérationnels et à nous adapter plus facilement pendant cette année d’alternance. De plus, le rythme (alternance/formation) était en quelque sorte une bonne transition pour après occuper un poste de juriste en entreprise. Je me sentais prête à rechercher mon premier emploi à la sortie de mon Master 2. L’acquisition des connaissances théoriques, combinée à leur mise en pratique pendant mon alternance, m’a permis de gagner en assurance et m’a offert plus de crédibilité lors des entretiens. Cela me permettait de présenter mes compétences théoriques et leur application concrète, apportant un premier niveau d’expérience pratique. Ce qui me rassurait, c’était de pouvoir démontrer au recruteur que je maîtrisais déjà les bases de la recherche juridique, le suivi des réunions et d’autres fondamentaux, évitant ainsi qu’il ait à me les expliquer.
Alec Szczudlak : L’apprentissage ou le stage durant le master ont-ils joué un rôle clé dans votre insertion (ou évolution) professionnelle ?
Asma Kafi : Absolument. Mon apprentissage a été une expérience extrêmement formatrice, tant sur le plan technique que relationnel. J'ai eu la chance d’apprendre auprès d’une équipe expérimentée, ce qui m’a fourni des clés que j’ai ensuite pu valoriser dans mes expériences professionnelles suivantes. Cela a été un véritable tremplin, à la fois pour mon insertion dans le monde professionnel et pour mon évolution de carrière. Cette expérience m’a surtout aidée à déterminer la spécialisation que je souhaitais exercer en tant que juriste. Il n’est pas toujours évident de savoir, dès la licence ou même en master 1 ou master 2, quel métier juridique ou quelle spécialité du droit on souhaite réellement pratiquer. Ainsi, la mise en pratique par l’apprentissage a été un atout précieux pour m’assurer que l’application concrète des connaissances théoriques en entreprise me correspondait. Énormément de portes se sont ouvertes à moi par la suite.
Alec Szczudlak : Selon vous, quelles sont les qualités indispensables pour réussir dans une carrière de juriste d’entreprise ou d’avocat d’affaires ?
Asma Kafi : Premièrement, le réseau est essentiel. Il est crucial d’entretenir de bonnes relations avec son équipe et de développer ses contacts, car cela facilite les échanges au sein de l’entreprise. De surcroit, en tant que juriste, nous sommes souvent en soutien des équipes opérationnelles, il est donc important d’avoir un bon relationnel d’entreprise et cela passe par le développement du savoir-être qui est crucial. Deuxièmement, avoir de bonnes relations avec tous les acteurs peut parfois être aussi important que les compétences techniques. Avec le temps on apprend qu’en entreprise, il est parfois question de politique. Les relations entre les collègues sont essentielles afin de faire progresser les projets. Ainsi, la communication et le management seront des qualités indispensables pour moi. D’autant qu’au-delà de la réalisation de projet et de l’aspect technique, je dois réussir à me faire comprendre tant par les juristes que par les non-juristes qui, eux, ne sont pas réellement intéressés par nos enjeux juridiques et souhaitent avant tout la réalisation de leur projet. C’est au travers de cela que j’ai compris qu’il y a une considération politique à intégrer dans mon champ de compétences personnel.
Le réseau c’est la clé !
Alec Szczudlak : Quels sont, selon vous, les plus grands défis auxquels sont confrontés les juristes d’entreprise aujourd’hui ?
Asma Kafi : Tout d’abord, l'évolution de l'intelligence artificielle est l’un des principaux défis. Il est important d’apprendre à travailler avec ces nouvelles technologies pour gagner en efficacité. Le rôle du juriste pourrait ainsi évoluer vers des compétences plus relationnelles et stratégiques, des domaines où les machines ne peuvent pas nous remplacer. Je dirais qu’il est essentiel d’être capable de surpasser l’IA et de ne pas laisser son développement dépasser le nôtre. Ces nouvelles technologies doivent rester des atouts qui apportent de la valeur ajoutée à notre travail sans pouvoir le remplacer. Je dois apprendre à évoluer avec l’IA et à apporter quelque chose de plus que ce qu’elle peut offrir, afin de rester à la page, de suivre l’évolution et de m’inscrire dans l’ère du temps. Finalement, il s’agit de préserver notre profession et d’empêcher qu’elle ne s’éteigne progressivement. En tant qu’humains, nous avons cette sensibilité que les robots n’ont pas, et c’est ce qui fait que nos professions existent encore aujourd’hui.
Le second défi auquel le juriste est principalement confronté est celui de se tenir informé de l’actualité juridique. Par exemple, un sujet de plus en plus prégnant dans tous les domaines du droit (affaires, social, immobilier, etc.) est celui de la responsabilité sociale et environnementale (RSE). Aujourd’hui, il existe une prise en compte croissante de la responsabilité dans l’application des règles, tournée d’une part vers le bien-être des salariés dans l’entreprise, et d’autre part, vers la vertu des activités de l’entreprise. Dans mon emploi actuel, j’ai dû intégrer ces nouveaux enjeux afin de répondre à la volonté des investisseurs de diriger leurs capitaux vers des sources de financement plus durables.
Enfin, en tant que juriste, il est crucial de suivre l’actualité politique et sociétale, car le juriste est constamment connecté à l’évolution de la société. Le droit évolue grâce à la société, et si je n’évolue pas avec elle, je risque de me déconnecter des enjeux présents et à venir. Je me dois donc d’être connectée à la société pour mieux comprendre les règles juridiques qui évoluent grâce à elle.
Alec Szczudlak : Avez-vous des conseils pour les étudiants actuels ou futurs du master juriste d’entreprise qui souhaitent suivre une carrière similaire à la vôtre ?
Asma Kafi : Aujourd’hui, ma carrière se concentre sur les fusions-acquisitions, le private equity et la gestion de fonds d’investissement. Ce qui a été déterminant pour trouver ma voie, et ce que je conseillerais vivement, c’est d’avoir un projet professionnel clair et aligné avec ses ambitions. Ne suivez pas simplement les tendances, mais prenez du recul pour réfléchir à ce qui est vraiment en phase avec vos aspirations. Il est essentiel d’identifier la matière pour laquelle on a une sensibilité particulière, celle avec laquelle on développe une meilleure compréhension et un véritable épanouissement. Selon moi, il est très important de s’écouter, d’être en phase avec soi-même et de rester cohérent avec ses aspirations, y compris dans son parcours professionnel. Car, in fine, la vie professionnelle finit presque par devenir personnelle car elle occupe une grande partie de notre quotidien. Il faut donc cultiver la spontanéité, l’écoute de soi et accepter de prendre le temps. Cela ne sert à rien de se précipiter. Rien n’est figé à la sortie du master. Des rencontres peuvent bouleverser notre parcours de manière inattendue. Personnellement, tout mon parcours a été façonné par des opportunités imprévues. J’ai croisé des personnes qui m’ont fait découvrir une matière, et l’une d’elles, en particulier, m’a donné envie de poursuivre en école de commerce et de m’y projeter pleinement. Le master juriste d’entreprise est très complet et vous permettra de développer les compétences nécessaires pour devenir un juriste opérationnel.
Alec Szczudlak : En dehors du droit, quelles sont vos passions ou centres d’intérêt, et comment arrivez-vous à concilier cela avec votre vie professionnelle ?
Asma Kafi : Les voyages, le cinéma, la vie sociale sont très important et parfois difficiles à concilier avec le professionnel, surtout en début de carrière professionnelle. À mon sens les passions, centres d’intérêts et le travail sont complémentaires et participent tant à l’épanouissement personnel que professionnel. Être trop absorbée par sa vie professionnelle peut parfois nous faire perdre de vue l’essentiel sur le plan personnel. Or, un déséquilibre personnel peut avoir un impact négatif sur notre évolution professionnelle. Il est donc crucial de s’accorder des moments pour prendre du recul, s’aérer l’esprit et ainsi mieux rebondir, tout en appréhendant les subtilités de notre environnement. De manière générale, il est indispensable de recharger ses batteries et de se rappeler que nous sommes humaines, et non des machines. Trouver son propre rythme de croisière est essentiel pour éviter de se laisser submerger. Par ailleurs, consacrer du temps à ses passions peut être un excellent moyen de rester motivée et efficace dans son travail. C’est en adoptant cette approche que je parviens à maintenir un équilibre entre vie personnelle et professionnelle.
Alec Szczudlak : Un dernier mot à partager avec la communauté du Master Juriste d’Entreprise ?
Asma Kafi : Je voudrais insister sur l’importance de la solidarité et des échanges au sein de notre communauté. Les événements récents, organisés par le réseau alumni du Master, ont montré à quel point il est précieux de se connaître, de partager nos expériences et de trouver ensemble des réponses aux questions que l’on se pose. Grâce aux initiatives prises et au soutien des enseignants, tels que M. le Professeur Pagnerre et M. Pagani, le Master bénéficie aujourd’hui d’un véritable élan, renforçant nos liens et notre réseau. Croyez en vous et soyons solidaires. Le réseau du Master Juriste d’Entreprise est un atout de grande valeur et je suis fière de voir comment la communauté des alumni continue de grandir et de s'entraider. C’est une dynamique à entretenir, car elle profite à tous, tant sur le plan professionnel que personnel. Continuons à rester volontaires, actifs, et à nous soutenir mutuellement. Le réseau c’est la clé !
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