Publié le 10/04/2025
Expérience :
- Juriste Droit des affaires et RGPD, ELITechGroup - A Bruker Company
- Chargée d’enseignement, Master 2 - Droit des affaires parcours juriste d’entreprise, Université Paris-Saclay
Alec Szczudlak : Pouvez-vous nous parler de votre parcours académique avant de débuter votre carrière professionnelle ?
Imane Benahmed : J’ai suivi une licence de droit à l’Université Paris Cité, en me spécialisant en droit privé lors de ma dernière année. Souhaitant approfondir mes connaissances dans un domaine émergent et peu abordé en licence, j’ai choisi de poursuivre un master spécialisé en droit du numérique. Ce master incluait une dernière année en alternance, que j’ai effectuée en tant que juriste chargée de la protection des données à caractère personnel chez Siemens Healthineers. À l’issue de cette formation, j’ai décidé d’intégrer le master 2 juriste d’entreprise pour élargir mes compétences en droit des affaires.
Alec Szczudlak : Quel impact le master juriste d’entreprise a-t-il eu sur votre parcours professionnel ? En quoi vous a-t-il préparé à vos défis actuels ?
Imane Benahmed : Le master juriste d’entreprise a eu un impact significatif sur mon parcours professionnel. La formation en alternance m'a apporté des connaissances juridiques approfondies, mais aussi des compétences pratiques essentielles, telles que l’analyse des risques liés à un projet donné, la rédaction de contrats, ainsi que la compréhension des implications économiques et stratégiques auxquelles les entreprises sont confrontées. Cette formation m’a permis d’acquérir une meilleure confiance en mes capacités à naviguer dans des environnements juridiques variés et à anticiper les problématiques avant qu’elles ne surviennent. Cela s’explique notamment par la diversité des matières juridiques abordées tout au long de la formation. Dans mon quotidien professionnel, cela m’a permis d’échanger plus facilement avec les opérationnels.
Alec Szczudlak : Quel est, selon vous, l’aspect du master qui vous a le plus marqué ou que vous jugez le plus déterminant pour la suite de votre carrière ?
Imane Benahmed : A mon avis, la diversité des matières enseignées fait la richesse de cette formation. Elle aborde un large éventail de thèmes - de la fiscalité des entreprises à la propriété intellectuelle, en passant par le droit social – ce qui m’a permis de développer une vision d’ensemble du droit des affaires et d’affiner mes choix professionnels de manière éclairée.
Alec Szczudlak : En repensant à votre passage dans le master, y a-t-il une expérience, un projet ou un cours particulier qui vous a influencé ou inspiré dans votre carrière ?
Imane Benahmed : Même si je n'ai pas été directement influencée, j'ai trouvé que le cours « Plan de financement et business plan » nous a ouvert des perspectives différentes du métier de juriste ou d’avocat. L’objectif était de réfléchir à la création d'une entreprise et à l'élaboration d'un véritable business plan (choix du produit ou service, stratégie marketing, étude de marché, budget prévisionnel). Cela nous a permis d’appréhender les risques pratiques (financiers, organisationnels, etc.) liés à ce projet, ce qui peut être très bénéfique pour ceux qui souhaitent allier droit et entrepreneuriat dans leur carrière.
Alec Szczudlak : Comment avez-vous vécu l’équilibre entre la théorie et la pratique au sein du master ? Trouvez-vous que cette approche vous a bien préparé aux réalités professionnelles ?
Imane Benahmed : Il y a un bon équilibre entre les deux. Les cours théoriques et les projets de groupe m'ont donné une solide compréhension des concepts juridiques, tandis que l’alternance a été l’occasion de les appliquer dans des situations réelles. Cette approche intégrée m'a préparée aux réalités professionnelles, telles que la capacité à prioriser les missions confiées et à respecter des délais serrés. J'ai appris à m'adapter rapidement à des situations variées, à collaborer efficacement avec des équipes multidisciplinaires et à communiquer clairement des concepts juridiques à des non-juristes. De surcroît, cet équilibre entre théorie et pratique m’a progressivement permis de développer une véritable confiance en moi. La confiance en soi est, selon moi, un point essentiel à aborder. Lorsqu’on est encore étudiante, il est naturel de douter, de craindre de brûler les étapes ou d’hésiter à s’affirmer. Pourtant, cette hésitation ne doit pas être perçue comme une faiblesse. Au contraire, il faut transformer cette situation en un atout. Il s’agit de se dire : “Je suis peut-être la plus jeune de l’équipe, mais ma place est légitime. Si je suis ici, c’est parce que j’en ai les capacités, et je peux défendre mes idées et mes convictions avec autant d’assurance que mes collègues plus expérimentés”.
Peu importe d’où vous venez, concentrez-vous sur la personne que vous êtes aujourd’hui et sur ce que vous pouvez offrir
Alec Szczudlak : Quels sont les défis les plus importants que vous avez rencontrés après avoir terminé le master, et comment les avez-vous surmontés ?
Imane Benahmed : L’un des premiers défis rencontrés a été d’apprendre à s'adapter aux attentes du monde professionnel. Passer d'un environnement académique à un cadre de travail à temps plein a parfois été un défi, surtout en ce qui concerne la gestion du temps et des priorités. Pour y arriver, j'ai adopté une approche proactive en définissant des priorités dans mes tâches quotidiennes, ce qui m'a permis de rester organisée et de respecter les délais. J'ai également demandé des retours réguliers de mes supérieurs et collègues pour m’aider à ajuster ma manière de travailler. Un autre défi a été de créer un réseau professionnel. Au début, je n'étais pas très à l'aise avec le networking, mais j'ai compris l'importance de tisser des liens. J'ai donc commencé à participer à des événements professionnels et à des conférences sur des thématiques juridiques, ce qui m'a permis de rencontrer des personnes partageant les mêmes centres d’intérêt et d'échanger des conseils.
Alec Szczudlak : Quelles compétences ou qualités acquises lors du master vous semblent aujourd’hui indispensables dans votre métier ?
Imane Benahmed : Je pense qu'il est indispensable de simplifier le langage juridique pour le rendre accessible et compréhensible aux non-juristes. Cela renforce la collaboration au sein des équipes et permet au juriste de devenir un soutien précieux dans la prise de décision. En comprenant le langage juridique, toutes les parties prenantes (commerciales, financières, techniques) peuvent mieux appréhender les risques associés à un projet donné. L’adaptabilité est également une qualité essentielle : être à l’écoute des besoins des autres et s’efforcer de trouver des solutions qui répondent à la fois aux exigences juridiques et aux contraintes opérationnelles contribue à créer un environnement de travail positif.
Alec Szczudlak : Si vous deviez décrire en quelques mots le master juriste d’entreprise à quelqu’un qui hésite à l’intégrer, que lui diriez-vous ?
Imane Benahmed : Je lui dirais que le master juriste d’entreprise est une formation dynamique et complète qui prépare véritablement à une carrière dans le monde des affaires. C’est une excellente opportunité pour développer des compétences juridiques tout en acquérant une compréhension approfondie des enjeux business. La formation en alternance permet d’intégrer directement le milieu professionnel, d'établir un réseau et d’acquérir une expérience enrichissante professionnellement mais aussi humainement. Si vous êtes passionné par le droit des affaires et souhaitez jouer un rôle actif dans le développement des organisations (entreprises, cabinets d’avocats, etc.), ce master est fait pour vous !
Alec Szczudlak : Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux étudiants actuels du master qui s’apprêtent à entrer sur le marché du travail ?
Imane Benahmed : Concentrez-vous sur le développement de vos compétences interpersonnelles (soft skills) comme l’adaptabilité, la communication et la gestion du temps, qui sont des compétences recherchées par les employeurs. Prenez le temps de les développer et de les mettre en avant dans vos entretiens et votre CV. Préparez-vous également aux entretiens : la manière dont vous vous présentez peut faire toute la différence. Peu importe d’où vous venez, concentrez-vous sur la personne que vous êtes aujourd’hui et sur ce que vous pouvez offrir à l’employeur en termes de compétences, de valeurs et de connaissances. Entraînez-vous à répondre aux questions classiques, préparez des exemples concrets qui illustrent vos compétences et renseignez-vous sur l'entreprise avant l’entretien. Enfin, soyez persévérants. Le processus de recherche d'emploi peut prendre du temps. Ne vous découragez pas si les réponses tardent ou si vous recevez des refus : apprenez de chaque expérience, ajustez vos candidatures si nécessaire et restez motivés
Alec Szczudlak : Quels sont les changements ou les évolutions que vous percevez dans le monde du droit des affaires ou du droit social, et comment vous y adaptez-vous dans votre pratique quotidienne ?
Imane Benahmed : Je constate plusieurs évolutions importantes, notamment l'impact croissant de l'intelligence artificielle dans notre travail quotidien. L'IA transforme la manière dont nous traitons les données, analysons des contrats et automatisons certaines tâches, ce qui modifie profondément notre pratique. Pour m'adapter à ces changements, je me forme régulièrement sur les nouvelles réglementations ainsi que sur les technologies émergentes. Je participe à des formations sur l'utilisation de l'IA dans le domaine juridique, tout en veillant à rester critique et à conserver un jugement humain dans mes décisions. Je veille également à maintenir une qualité rédactionnelle personnelle, afin de ne pas devenir dépendante des outils technologiques et retranscrire avec précision les enjeux juridiques exprimés par les opérationnels lors des négociations contractuelles.
Alec Szczudlak : Pour finir, si vous pouviez revivre une expérience ou un moment fort de votre parcours au sein du master, lequel serait-ce ?
Imane Benahmed : Ce serait sans doute le jour où nous sommes allés au campus Fab pour l’examen final de management contractuel. Nous devions négocier en équipe les termes d'une joint-venture avec une autre université. Préparer les termes de l'accord et participer à la négociation en anglais a été un exercice très enrichissant, nous plaçant en situation concrète et nous confrontant à la réalité du métier. J’en garde un très bon souvenir.
Simplifier le langage juridique est indispensable pour le rendre accessible aux non-juristes, renforcer la collaboration entre les équipes, et permettre aux juristes d’être un soutien dans la prise de décision.
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